AURORE DROSSART :
"FILLE DE MON TEMPS"


Par Aurore DROSSART


INTRODUCTION

« Le guerrier de la lumière se comporte parfois comme l'eau, et il se glisse entre les nombreux obstacles qui parsèment sa route.
A certains moments, résister signifie être détruit. Alors il s'adapte aux circonstances. Il accepte, sans se plaindre, que les pierres du chemin tracent sa voie à travers les montagnes.
En cela réside la force de l'eau : jamais un marteau ne peut la briser, ni un couteau la blesser. L'épée la plus puissante du monde est incapable de laisser une entaille à la surface.
L'eau d'une rivière s'adapte au terrain, sans jamais oublier son objectif : la mer. Ténue à sa source, elle acquiert peu à peu la force des fleuves qu'elle rencontre.
Et, au bout d'un moment, son pouvoir est total. »

(Paulo Coelho, Manuel du Guerrier de la Lumière)

Voilà qui traduit fort bien le parcours de ma vie. La souffrance fut mon plus grand maître. En effet, en plus d'un procès à la fois éprouvant et terriblement destructeur, mon existence ne fut qu'une pléthore d'épreuves, d'obstacles et d'afflictions : différentes batailles, différents adversaires, différents combats, différentes expériences et expérimentations, au nom de la survie. Je découvris très tôt que le monde extérieur était bien hostile, bien injuste et bien cruel envers le pauvre, la femme et « l'orphelin ».

Contrairement à ce que tous ces gens malintentionnés ont prétendu, je n'ai jamais été élevée dans le culte d'Yves Montand, mais uniquement dans un amour absolu pour ma mère. Elle était ma seule famille, ma seule référence et mon unique horizon. Elle jouait donc, à la maison, tous les rôles à la fois : une battante, une femme totalement indépendante, libre, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds ; une « grande sœur » accessible, avec qui l'on peut sortir pour aller s'amuser, danser, boire un verre, faire du sport, jouer, rire ; une maman tendre, à qui l'on peut dire « je t'aime » et se blottir dans les bras quand ça ne va pas ; mais aussi celui d'un père, chef, autoritaire, trop protecteur, qu'il ne faut pas contrarier, qui s'énerve et s'emporte facilement. C'était aussi et surtout, une femme fatiguée par les difficultés de la vie, fragile, sensible, nostalgique, triste au point de vouloir mettre fin à sa vie plus d'une fois...
Je n'avais qu'elle et elle n'avait que moi.

Et de l'autre côté, un père qui me rejeta dès ma naissance, m'ignora, me méprisa, fuyant ses responsabilités de père en se cachant derrière son image de star... Un comportement qui me poussa dès l'âge de six ans à vouloir mourir me rendant coupable d'être née. J'ai pensé durant longtemps que je n'avais pas ma place dans ce monde, que je n'étais qu'une « erreur », une « horreur », l'enfant caché de la honte... Et cette pensée suicidaire m'accompagna durant une grande partie de ma vie, tant les épreuves étaient abondantes et incessantes, tant je restais persuader d'être maudite, de ne pas avoir le droit d'être heureuse, de ne pas mériter l'amour, ni le respect, ni la reconnaissance de mes pairs, de ne pas avoir ma place au sein de cette société. La justice fut mon dernier espoir pour me rendre ma dignité d'enfant. L'affaire DROSSART / MONTAND, c'est une guerre de classes ; le combat du pot de terre contre le pot de fer. Si j'avais été un objet, j'aurais été un yoyo : un jour, le Tribunal me déclara fille d'Yves Montand ; un autre jour, il me condamna à ne plus l'être. L'acharnement de mes adversaires avait transformé une simple revendication de mon identité en un effroyable combat à mort !

Et puis il y a le monde extérieur, ce qui fait notre quotidien. Ma mère m'avait bien prévenue : il est cruel et sans pitié pour ceux qui sont sans famille, sans ressources, différents, ou qui ne rentrent pas dans le moule. Je suis partie de la maison à 19 ans pour vivre ma vie et j'ai appris à mes dépens qu'elle avait bien raison. Comme dans le monde des animaux, lorsque l'on est faible, petit, blessé ou à terre, on est abandonné ou bouffé ! La différence entre l'homme et l'animal ? L'animal le fait pour sa survie tandis que l'homme le fait juste par plaisir, par frustration, par jalousie, par esprit de compétition, par vengeance, par égoïsme, par vice. L'homme préfère utiliser sa capacité de penser au service de son ego, plutôt que de son cœur ; il est dominateur, menteur, avide de pouvoir et de richesses matérielles, irrespectueux, intolérant...

La panthère noire solitaire et meurtrie que j'étais, a dû fuir dans sa forêt durant des années pour panser ses profondes blessures, infligées par tous ces vautours, ces hyènes, ces chasseurs... Montesquieu disait : « Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous ! » Et bien, je suis un exemple parmi tant d'autres du danger qu'il exprime ; une preuve, encore vivante, de cette menace pour le petit peuple, la classe laborieuse, le faible, l'opprimé, le citoyen du monde qui œuvre juste pour ses droits et sa liberté. Bien des siècles nous séparent les uns des autres et pourtant, la réalité est toujours la même et je voudrais qu'elle change : les victimes sont désignées du doigt comme des agresseurs, des affabulateurs, et les agresseurs qui ont l'argent, le pouvoir, l'influence, ou la réputation, deviennent les « pauvres » victimes ! Quel paradoxe magnifiquement frustrant et destructeur pour celui qui le subit ! J'ai passé ma vie à me dévaloriser, à manquer de confiance en moi, à me croire indigne de vivre sur cette Terre. Mais la Mort ne voulait pas plus de moi que la Vie ! Je n'ai fait que survivre entre les deux ! En réalité, la Vie avait d'autres projets pour moi qu'il me fallait découvrir par moi-même. Je suis tombée d'innombrables fois. Normal ! Etonnamment, peu importe le temps que pouvait durer la chute, je me suis toujours relevée, tel un samouraï, avec honneur et courage...

Ainsi, pour écrire ce livre, commencé il y a vingt ans, j'ai plongé seule dans la mer noire de mes souvenirs pour oser toucher le fond de mes abîmes ; j'ai dû parcourir les rues sombres de ma jeunesse, lorsque j'étais perdue, égarée, lorsque j'étais blessée, meurtrie, lorsque je n'y voyais encore rien dans cette nuit infinie. Je me devais de revivre ces scènes qui m'ont fait si mal, pour tenter de vous retranscrire au mieux, de façon chronologique, ce que j'ai ressenti durant ces périodes ingrates et impitoyables, de mon point de vue bien sûr ! J'ai dû faire face à mes démons intérieurs, à mes poisons mentaux qui me tiraient vers le bas perpétuellement... J'ai dû me battre contre moi-même, durant toutes ces années, pour ne pas rester définitivement à terre tant les épreuves furent abondantes, et certaines où il a fallu accepter l'inacceptable, aussi bien dans ma vie d'enfant que plus tard dans ma vie d'adulte.

Nous avons vécu une grande supercherie aux yeux du monde. Si j'ai choisi d'écrire cette autobiographie, ce n'est pas pour faire un simple déballage médiatique, histoire de refaire parler de moi et de cracher mon venin comme d'autres se plaisent à faire. Déjà parce qu'il est temps de remettre les choses en place. Cela fait plus de vingt ans qu'on nous empêche, ma mère et moi, de nous exprimer. Son livre, qui avait trouvé deux éditeurs successifs, a été bloqué et n'a même jamais pu être publié ; aucun éditeur n'a eu les « couilles » de publier le mien, à moins de transformer mes écrits afin de ne pas être attaquable, ou bien à moins de ne rien dire de méchant concernant Collard, la grande blague, etc.) Cela fait vingt ans que je ne vois qu'une version mensongère de ce que j'ai vu, vécu, et subi, ainsi que ce qu'a vécu ma mère, propagée depuis le début par les médias mainstream au service de ces puissants. Et qu'il y en a marre de cette omerta ! Donc voici MA version, une version qui ne plaira effectivement pas à tout le monde. Mais ma mission va au-delà de mon histoire, au-delà de mon père. Mon livre, c'est une chanson qui vous ressemble car elle reflète, sous divers angles, la vie et les souffrances de bien des gens. Selon ma philosophie, je sais que je n'ai pas vécu tout ceci, aux yeux du monde, pour rien. Je l'ai vécu, et je m'en suis sortie, pour vous offrir tout simplement mon témoignage de vie, ma compréhension, ma philosophie, ma force, mon courage, mon Amour... Aurore Drossart

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