MON ENFANCE : UN PERE QUI FUIT SES RESPONSABILITES

Contrairement à ce qui a été dit, je n'ai jamais été élevée dans le culte d'Yves Montand.
Ma mère constituait mon seul et unique horizon. Je n'aimais qu'elle et ne connaissais qu'elle. Elle était ma seule famille, mon seul parent, ma seule référence, ma seule autorité.
J'étais également sa seule famille. A 23 ans, ma mère n'avait plus aucun de ses parents, tous les 2 décédés. Elle ne voulait pas attaquer mon père dans les 2 ans comme il est de rigueur. Elle voulait que la fibre paternelle se mette à vibrer et que les choses se fassent naturellement. Elle tenta de provoquer plusieurs rencontres lorsque j'étais toute petite, à Rome et à Saint Paul de Vence. Mais fuyait sans cesse son rôle de père.

A partir de quand ai-je appris qu'Yves Montand était mon père ?

Dès la maternelle :
Je regardais beaucoup de Tex Avery et je pensais naïvement qu'une cigogne m'avait déposée chez ma mère parce qu'elle désirait un enfant.
- Fête des mères : Je partage la joie de mes camarades et je suis très heureuse de faire un beau dessin pour ma mère.

- Fête des pères : Je reste bloquée ! Heu... « papa » n'est pas un mot dont je connais la signification, ça ne fait pas parti de mon vocabulaire inné de petite fille.
Du coup, je ne comprends pas la joie qu'ont tous mes camarades mais je me tais pour ne pas avoir la honte, et je fais une peinture. En rentrant, j'ai immédiatement posé la question à ma mère : « c'est quoi un papa ? »
Elle m'explique donc que pour faire un bébé, il faut une maman et un papa. Le papa dépose une petite graine dans le corps de la maman et l'enfant vient au monde. Ouf ! Moi aussi j'ai un papa, comme tout le monde. Je suis donc normale. Sauf que mon papa vit avec une autre femme.
J'apprends, en lui envoyant ma peinture et la photo prise en classe, qu'il s'appelle Yves Montand.

J'inondais ma mère de questions bien sûr. Je voulais tout savoir sur lui, sur leur rencontre, leur relation, leur rupture. J'appris qu'après 2 ans de relation amoureuse, leur liaison s'arrêta brusquement lorsque ma mère lui annonça qu'elle était enceinte de lui. Il rejeta immédiatement sa responsabilité de père et nous abandonna, prétextant que je ne pouvais pas être de lui car « à 54 ans, on ne pouvait plus avoir d'enfant. »

Pourquoi n'ai-je pas un père inconnu ?

Lorsque je le voyais à la TV, il était un parfait étranger pour moi. En revanche, je voyais ma mère pleurer. Ca lui faisait mal de le voir. Elle l'avait tant aimé et lui, l'avait tant fait souffrir...
Elle tentait de temps en temps de joindre Yves Montand au téléphone. Mais barrage de Bob Castella à chaque fois (son homme à tout faire). Le plus souvent, dès qu'elle s'annonçait, on lui raccrochait au nez !
Mais un soir, c'est Simone Signoret qui répondit.  

Au début, elle était agressive et jalouse, puis après une longue discussion avec ma mère, elles se mirent à pleurer toutes les deux au téléphone ! Elles avaient un point commun : la souffrance à cause du même homme. Celle d'une femme trompée, et pas qu'une fois, et celle d'une femme abandonnée. Simone lui confia que sa plus grande crainte était qu'il parte avec une femme plus jeune qui lui ferait un enfant car elle, ne pouvait plus en avoir. Ma mère la rassura quant à nos intentions. Elle ne voulait causer aucun tort ni à leur couple ni à l'image publique d'Yves Montand. Juste qu'il voit sa fille de temps en temps.
C'est à cette occasion que je rencontrai cette grande dame. Elle avait été tellement gentille avec moi (contrairement à sa fille plus tard !).
Elle m'offrit un jus d'orange et m'installa à la table d'à côté pour ne pas que j'entende leur conversation d'adultes.
-Simone Signoret accepta donc de nous aider et d'intervenir auprès d'Yves Montand.
Mais il rentra dans une colère noire à l'idée de savoir que Simone et ma mère aient pu  discuter ensemble ! Il fut très clair, il ne voulait ni entendre parler de ma mère ni de moi !
Ce fut donc un échec ! 

* ECOLE PRIMAIRE :
C'est là que sa célébrité va commencer à me pourrir la vie.

Chaque rentrée scolaire, il fallait remplir des fiches. Bien sûr, je répondais tout naturellement aux questions posées :
- « père » : Yves Montand
- « profession » : Acteur chanteur
Pour moi, il n'y avait rien d'extraordinaire dans le fait que mon père soit dans le cinéma. Ma mère avait déjà des amis qui étaient dans le cinéma : Henri Colpi, Claude Pieplu, André Pousse, Raymond Pellegrin...
Je n'aurais jamais imaginé l'effet boule de neige que cela entraînerait : proviseur, parents, et du coup enfants, me traitaient de menteuse. Non seulement rejetée par mon père mais aussi par la société, que je trouvais déjà bien cruelle à vrai dire.
J'avais le droit à « menteuse », « bâtarde », « si c'était vrai, ça se saurait, on en parlerait dans les journaux » « mais oui bien sûr, et moi mon père c'est Alain Delon » « le mien c'est le président » ... Réflexions perpétuelles qui me renfermaient dans une terrible solitude.

Pourquoi n'ai-je pas un père inconnu ? Au moins on compatirait au lieu de se moquer.
Mais je n'allais tout de même pas m'inventer un père imaginaire pour leur faire plaisir puisque j'en avais déjà un ! Que ça leur plaise ou non !

Invitation à des anniversaires + chez mes nounous : Je vois ce qu'est une VRAIE famille, avec un père.
-Sentiment qui revient à nouveau d'être différente des autres, pas normale.
-C
ette solitude et cette différence commencent à me peser.
Le manque d'un père, et d'une vraie famille, et de son amour, commence à se faire ressentir.

Fin 1981 : J'ai 6 ans.

Évidemment concernée par tout ce qui touchait la Pologne, quelle ne fut pas sa surprise lorsque ma mère apprit qu'Yves Montand soutenait les représentants de Solidarnosc en exil (une fédération de syndicats polonais). Une opération « badges » avait été lancée pour financer leur lutte. Elle appréciait son engagement. C'est alors qu'elle prit son répertoire téléphonique à la lettre M comme Montand et qu'elle composa son numéro. C'est lui qui répondit !!! Waouh ! En direct live ! Et il a l'air d'humeur enjouée cette fois puisqu'il ne lui a pas raccroché au nez ! Et en plus, il souhaite me parler !!!! Je restais bouche bée quelques instants avant de prendre enfin le combiné : « Bonjour, je suis Aurore. » dis-je timidement. Il me dit qu'il souhaitait me rencontrer ! « Quand ? » lui demandai-je ? Il répondit qu'il était chez lui et qu'il m'attendait « tout de suite !» J'étais si heureuse, si surprise en même temps, si excitée et si nerveuse à la fois. Tout était si précipité dans mon cœur. C'était le plus beau jour de ma vie. J'avais parlé à « MON PERE » et il éprouvait le désir de faire ma connaissance, enfin. J'étais folle de joie ! Ma mère n'en revenait pas de son comportement si lunatique mais tant mieux après tout ! Il désirait voir sa fille, c'était le principal ! Mille questions fusaient dans ma tête. Je me demandais ce que devait faire une petite fille en découvrant son père avec six années de retard.

Mais nous arrivâmes avec du retard.
Je rentrai sous le porche de l'immeuble, accompagnée de ma baby-sitter, ma mère ne voulant pas s'imposer. Il était là, mais n'était plus tout seul malheureusement. Il y avait des personnes de Solidarnosc avec lui.
Nous sommes restés longtemps à nous regarder fixement dans les yeux, sans dire un mot, chacun découvrant l'autre... Il savait parfaitement qui j'étais. Etonné par cette scène figée qui n'en finissait pas, le « témoin gênant » rompit ce long silence, en demandant avec curiosité : « Mais qui est cette petite fille ? ». Immédiatement, Yves Montand reprit ses esprits, quitta mon regard, remit promptement son masque de star, et répondit avec sourire : « Oh non ! Ce n'est RIEN ! Juste une fan ! Une fan de plus ! héhéhé »
Au lieu de crier que j'étais sa fille, ma fierté d'enfant me poussa à me retourner sans rien dire, à repasser le porche et, une fois arrivée dans la voiture de ma mère, là, j'explosai littéralement en pleurs... Elle était écoeurée par son comportement de lâche, une fois encore ! 
-Mon 1er coup de poignard ! Il venait de briser le cœur d'une petite fille qui ne désirait qu'un peu de temps avec son père... pas avec une star ! Mes stars à moi, à l'époque, c'était Mickey, Dingo, Donald... ! Sa célébrité était le rempart qu'il mettait entre nous ! 
Il avait choisi de me renier pour ne pas tomber de son piedestal de star tant aimée par les gens ! Mais moi, je savais la vérité le concernant...
Blessée ! Vexée ! En colère ! Révoltée par la manière dont il venait de me traiter, de m'humilier, en toute conscience. Son comportement insinuait que ma venue au monde était une erreur et que je n'étais RIEN.
« Il est trop méchant ! Je le hais ! Je ne veux plus jamais le revoir ! Je n'ai pas de père, je n'ai jamais eu de père, et je n'en ai pas besoin. J'ai toujours fait sans et je continuerai. » annonçai-je à ma mère dans la voiture.

Je connais son nom, je sais d'où je viens, je connais l'identité de mon père si on me la demande, mais ce sera tout ! 

« La solitude et le sentiment de n'être pas désiré sont les plus grandes pauvretés. »
Mère Térésa.

CONSEQUENCES : J'AI 6 ANS ET JE VEUX MOURIR !

Je n'arrivais malheureusement pas à me remettre de cette désastreuse rencontre, qui repassait en boucle dans ma tête. Aussi, je me souviens qu'après ce douloureux événement, j'avais envie… de mourir ! Oui ! Déjà à 6 ans ! J'étais très en colère contre mon père de m'avoir rejetée et j'en voulais à ma mère de m'avoir mise au monde.

Ce jour-là, elle sortit faire des courses chez le petit épicier du coin. Je n'avais pas beaucoup de temps ! Je saisissais l'occasion tant ma souffrance ne cessait de crier à l'intérieur. J'étais si malheureuse... Je pris alors un couteau pointu dans la cuisine et me rendis dans la salle de bain. C'est là que j'allais me réfugier lorsque j'avais du chagrin. Une grande glace était en appui contre le mur. A cet instant, j'étais debout et me regardais dedans. Mes larmes coulaient pour ne plus s'arrêter. Je fixais mon regard dans ce miroir qui reflétait ce que je détestais le plus : MOI !!! « Mais pourquoi suis-je née ? », répétais-je sans cesse. « Mon père ne veut pas de moi et je fais souffrir ma mère, alors pourquoi vivre ? » Je me disais que si je me tuais, il se sentirait coupable du mal qu'il m'avait fait et ma mère serait libre d'entreprendre à nouveau une carrière de comédienne et peut-être, qui sait, sans moi, ils se remettraient ensemble ! En tout cas, il s'en mordrait les doigts de m'avoir poussée à cela, moi qui ne suis qu'une petite fille ! Mais peut-être qu'au contraire, il serait content de ma mort !! Il se sentirait libéré de moi, de son problème dont il ne veut entendre parler ! Et je pleurais davantage encore. « Pourquoi suis-je née dans l'ombre, et dans la honte, sans amour, sans regard, sans respect pour mon être, aussi petit soit-il !!!? »C'est alors que je fixais la lame du couteau… et que je la pointais sur mon ventre… Et je pleurais toutes les larmes de mon corps… Le reflet de mon image se brouillait à mesure que les larmes jaillissaient. Ma main serrait très fortement le manche sous le poids de cette lourde souffrance et de cette rage intérieure. C'est alors qu'au moment où je levais mon bras droit dans l'intention de me planter la lame, le téléphone se mit à sonner. Je sursautais et j'en lâchais mon arme. Il n'y avait pas de répondeur à l'époque. La sonnerie continuait à retentir. Aussi allais-je vite répondre pour n'éveiller aucun soupçon concernant ce que je m'apprêtais à faire. Je ne sais plus qui c'était. Je retournais ensuite dans ma salle de bain pour reprendre là où j'en étais restée. Mais lors de mon deuxième élan, c'était la sonnerie de la porte qui retentissait m'indiquant qu'il s'agissait déjà du retour de ma mère (nous avions un code sonnerie : dring- dring dring dring dring- dring dring !). J'arrêtais là ma première tentative. Mon ange gardien me protégeait déjà, c'est certain. Ce n'était pas dans mon destin de mourir maintenant. Mais de souffrir, ça, sûrement. Je n'ai rien dit à ma mère pour ne pas l'inquiéter. Mais je la serrai très fort dans mes bras.

Par la suite, lorsque je le voyais à la TV, j'enfouissais bien profondément ma douleur d'enfant et préférais zapper l'image de ce père qui m'avait tant déçue. Je ne voulais surtout pas lui ressembler !

Plus tard, lorsque l'on se disputait fortement ma mère et moi, elle pouvait me lancer l'insulte suprême :
"De toute façon, t'es aussi pourrie que ton père !" Ca faisait mal ça !
Alors non ! Je peux vous dire que, contrairement à la parole officielle et à celle de ses laquais médiatiques (Olivier Faugiel...), je n'ai pas été élevée dans le culte d'Yves Montand, bien au contraire ! J'ai grandi, justement, en ne voulant surtout pas lui ressembler !!!

En revanche, ceux qui ont été élevés, ceux qui ont grandi dans le culte total et absolu d'Yves Montand, je peux aisément vous en citer trois : Carole Amiel, Benjamin Castaldi et Valentin. Trouvez-vous que cela soit suffisant pour ressembler physiquement à Yves Montand ? Pas vraiment, non ! Carole Amiel la groupie, bah... elle ressemble à Carole Amiel ; Valentin, à part sa grande taille, je trouve qu'il ressemble à sa mère ; quant à Benjamin Castaldi, lui qui s'est demandé s'il n'était pas le fils d'Yves Montand, pas besoin de pratiquer le moindre test génétique, il est bien le fils de Jean-Pierre Castaldi ! Son portrait craché ! Comme moi, je suis le portrait craché de mon père ! Point barre ! Mère Nature en a décidé ainsi ! Les chiens ne font pas des chats ! Alors arrêtez ces inepties de théorie du mimétisme pour expliquer ma ressemblance, SVP ! Votre argument fallacieux ne marche pas ! Désolée !

1984 : J'ai 9 ans.
Ma mère a un grave accident de voiture. Et si je l'avais perdue ???
Le hic, c'est que même si je connais l'identité de mon père, sur ma fiche d'état civil, à la place du nom de mon père, il n'y a qu'une succession de croix. Mon identité paternelle n'est pas reconnue par la loi.
Donc si ma mère meurt, je serais considérée comme une simple orpheline, mon père n'ayant aucune obligation envers moi. Lui, a tous les droits en tant qu'adulte et moi, enfant, je n'en ai aucun ! Juste de souffrir !
J'ai donc décidé de lui écrire pour lui expliquer la situation. Mais aucune réponse. Il persiste à faire comme si je n'existais pas ! Il se fiche totalement de ce qui peut m'arriver. Sympa !

1986 : J'ai 11 ans.
Ma mère a trouvé un job dans l'immobilier qui l'oblige à s'absenter pour des périodes de 3 semaines en Afrique.
La 1ère fois, c'était génial car j'ai été gardée par la super famille qu'avait ma meilleure amie.
La fois d'après, j'étais gardée par une femme "nounou" qui voulait avoir un enfant. Mais après trois semaines, lorsque ma mère l'a prévenue au téléphone qu'elle avait un souci d'avion et qu'elle ne pourrait pas rentrer tout de suite, après l'avoir rassurée au téléphone, cette femme se cassa et me laissa seule dans l'appartement, avec Minou le chat !
Pas de souci ! Je partis demander à ma nounou mauricienne que j'adorais, que je considérais comme une maman de remplacement, et qui vivait à côté de chez nous, de me garder quelques jours.  Mais elle refusa pour cause de fête religieuse et me conseilla de demander aux parents de camarades à moi. Ce que je fis. Je partis chez des copains jumeaux. Une vraie famille encore.
Le lendemain, je sentais que quelque chose allait m'arriver... Il pleuvait. Je me cachai dans l'école et ne me présentai pas en classe... jusqu'au sport, mon talon d'achille. On me fit appeler immédiatement au bureau du Proviseur. Les parents de mes camarades l'avait appelé pour dire que je dormais sous les ponts ! Aïe ! Pas prévu ça ! Lui qui ne pouvait pas nous blairer, ma mère et moi, il m'envoya illico dans le bureau de l'assistante sociale. Elle voulait m'emmener quelque part. Je ne voulais pas. Elle me fit croire que tout allait bien se passer, que je pouvais même laisser mon cartable là, car on reviendrait après. L'adulte menteur allait à nouveau trahir l'enfant que j'étais. On a pris le métro. Mais où m'emmenait-elle ? Je n'avais pas confiance... Et j'avais raison ! Je me retrouvais à la Brigade des mineurs ! Wouahhh rien que ça !! Et l'assistante sociale repartit. Mais sans moi.
J'avais le droit à un véritable interrogatoire. Bon sang ! C'était la Police pour enfants quoi ! Alors forcément, aux questions fatidiques qu'ils allaient me poser, je n'avais pas d'autres choix que de leur dire la vérité. « Et ton père ? Il est où ? T'as bien un père ! Il s'appelle comment ? Il habite où ? »
Je répondis avec gêne : « Il s'appelle Yves Montand et habite place Dauphine. »
« Heu... on recommence ! Comment s'appelle ton père ? » « Bah Yves Montand ! »,
insistai-je.
Et voilà que maintenant, c'était la police qui se moquait de moi....
Ils ont été sympas néanmoins car ont accepté de faire un détour chez ma nounou mauricienne, à mes supplications. En voyant la police, elle n'hésiterait pas une seule seconde, elle me sauverait de cette horrible situation ! 
Et bien non ! Très grosse déception encore de ces adultes décidément ! Elle persista avec sa fête religieuse à la con et me laissa donc entre les mains de la Brigade des Mineurs qui n'avait donc pas d'autre choix que de m'emmener à la DASS !!! En fait, si mon père m'avait reconnue, on m'aurait conduit chez lui ! Pas à la DASS ! Comme je regrettais d'être aller voir les adultes pour me garder en attendant le retour de ma mère; j'aurais du ne rien dire à personne ! J'aurais été libre chez moi au lieu d'être emprisonnée comme je l'ai été ! La DASS est une vraie prison pour enfants ! Même si elle fut courte, ce fut une horrible expérience gravée à jamais ! J'ai pris conscience de ce que signifiait LA LIBERTE ! 

-Je réalisais que je préférais avoir juste ma mère et ne plus rechercher de famille chez mes camarades ou chez mes nounous. Elle est ma seule et unique famille et surtout, ma seule protection face à cet extérieur bien hostile pour un enfant. Je déteste les adultes et le pouvoir qu'ils se donnent sur nous, les enfants ! 

1987 : J'ai 12 ans.
AU REVOIR LE PASSE !
Déménagement à Boulogne. Nouvelle vie qui commence ! Nouvelle scolarité !
Nouveaux camarades ! J'y serai en total anonymat cette fois.
A côté du « nom du père » demandé sur les fiches à remplir, je ne dirai plus qu'il s'agit d'Yves Montand. Compris la leçon ! Je mettrai des croix « X », comme indiqué sur ma fiche d'état civil. Si je dois parler de mon père, je dirai qu'il a largué ma mère quand elle était enceinte, point barre. Rien sur son identité !
- Le malheur quand on essaie de faire table rase du passé, c'est d'avoir un père célèbre justement !

SI TU NE T'OCCUPES PAS DU PASSE, ALORS LE PASSE S'OCCUPE DE TOI...

27 décembre 1988 : J'ai 13 ans.
- Petit rappel : « A 54 ans, on ne peut plus avoir d'enfants ! » dira-t-il à ma mère...

C'est alors qu'Yves Montand s'affiche dans Paris Match comme un papa gâteau, et clame au monde entier ces phrases assassines qui lacérèrent mon cœur en lambeaux par milliers : 
« Quelle joie d'être père pour la première fois à 67 ans. C'est un bonheur absolu. J'ai eu une vie amoureuse fantastique mais vivre cette découverte est quelque chose d'extraordinaire. Avoir un enfant, c'est fantastique, c'est la vraie source de vie, la réalisation de tous les rêves. Si la vie a une véritable signification, elle se trouve là... Avoir un enfant, c'est aussi le bonheur de le coucher le soir dans sa chambre, de jouer avec lui juste avant qu'il ne s'endorme, de le regarder prendre son bain, de l'entendre gazouiller. C'est quelque chose de fabuleux. C'est, pour moi, le plus grand film, le plus grand spectacle, le plus grand roman du monde. J'aurais surtout voulu en avoir un plus tôt. Mais il arrive maintenant, merveilleusement fait par Carole, et je suis bien content de l'avoir ». 

(Nous reviendrons sur ce moment en détail dans mon livre car en réalité, d'après Carole elle-même et Benjamin Castaldi, il ne voulait pas de cet enfant et était rentré dans une rage folle qui dura trois semaines. « J'ai rêvé cette nuit que je transperçais une photo de Carole avec un coupe-papier. » se confiera-t-il à Benjamin.Violent ! Et oui car en réalité, à partir du moment où la relation qu'il entretenait avec Carole Amiel devint officielle, médiatisée, il était coincé ! Il ne pouvait pas se défiler, comme il fit avec ma mère et probablement d'autres femmes...Cette fois-ci, il dû se résigner, malgré son âge avancé, leur 40 ans de différence et ses problèmes de santé. Il savait qu'il ne le verrait même pas grandir... Et il avait raison...
D'ailleurs, dans son livre « Montand tout simplement » (Nil éditions), Carole Amiel nous indique qu'elle s'est rendue à la mairie avec Yves Montand dans le but de reconnaître l'enfant avant même qu'il soit né ! 
« Futurs parents responsables, nous souhaitâmes reconnaître notre enfant l'un et l'autre avant sa naissance. Un accident est si vite arrivé !... Je revois les mines ébahies des employés municipaux peu habitués à voir s'effectuer cette démarche par anticipation et a fortiori par un père aussi célèbre. » 
Je note le "un accident est si vite arrivé"....................) 

Toujours est-il qu'il venait de me renier, non plus dans le secret, mais cette-fois ci, publiquement !!!
-2ème coup de poignard dans le cœur ! Profonde était l'entaille ! Un supplice ! Un martyre !
-
Il venait d'emmurer vivante ma dignité d'enfant ! Il venait de rallumer le feu douloureux de mon âme que j'avais mis tant de temps à étouffer...
Quel immonde individu ! Il ose dire que c'est pour lui le plus grand film du monde. Avec moi, il se croyait dans un film d'Horreur ! Il a préféré gommer mon personnage dans le dessein de sa vie ! Il préférait oublier qu'il avait déjà une fille de 13 ans ! MOI !!! Il voulait décidément me détruire !
Je le déteste ! Je me déteste ! Et je déteste ma mère ! Pourquoi n'a-t-elle pas avorté ?
Pourquoi Valentin et pas moi ? Qu'ai-je fait pour mériter tant d'indifférence de la part de mon père ? Suis-je tellement une horreur ? Est-ce parce que je suis une fille et pas un garçon ?

Il est vraiment allé trop loin ! Je ne peux plus supporter l'insupportable ! Je ne veux plus qu'il s'en tire en toute impunité ! Je veux que le monde sache que c'est un sale menteur !!! Je veux que la Vérité soit dite au monde entier !!
« Maman, je t'en prie ! Fais quelque chose ! Trop dur à supporter ! Trop injuste ! Je suis là moi ! J'existe !! Je t'en prie ! Fais quelque chose ! »

Pourquoi nous dit-on que les enfants doivent respecter leurs parents, ou les adultes en général, si ces adultes ne respectent pas les enfants ? Comment peut-on laisser l'adulte être libre d'agir à sa guise et même de mentir sans être puni alors que nous, enfants, nous le serions pour bien moins ?!
Une seule autorité a le pouvoir de punir ces adultes et de défendre les droits des enfants, c'est la Justice il paraît. Justice, tu es mon seul et unique espoir...


1989 : J'ai 14 ans.
Notre avocat Jacques Vergès nous conseille de tenter d'abord un arrangement à l'amiable.
Sa dernière chance, sa dernière opportunité de se racheter et de réparer le mal psychologique qu'il m'a fait subir durant toutes ces années.
-Echec ! Encore l'impression de n'être RIEN lorsqu'il est parti en me regardant avec haine et en me bousculant sur son passage. Le procès est donc mon unique moyen et mon unique espoir pour le forcer à arrêter de fuir ses responsabilités de père. Je veux qu'il arrête de faire comme si je n'existais pas et de se cacher derrière la célébrité qu'il est !!!

Après cette ultime tentative à l'amiable qui se soldera encore par de la souffrance, ma mère entama aussitôt une procédure judiciaire contre Yves Montand, celui-ci ayant pour avocat Maître Georges KIEJMAN, afin de faire reconnaître sa paternité devant la loi.


ACTE 1 : PROCES DROSSART c/ YVES MONTAND (1989 - 1994) = 5 ans.
De mes 13 ans à mes 18-19 ans.

1990 : J'ai 14-15 ans.
Pressions extérieures pour nous intimider et nous faire lâcher le procès... Obligée d'avoir un garde du corps, qui m'emmène au collège, et qui vient me récupérer. L'impression d'être dans un film ! Sauf que c'est la réalité ! Des hommes viennent jusqu'à chez nous pour nous faire peur... Nous sommes également sur écoute... Spécialité de Mittérand... 
Les journaux n'osent pas en parler. En parallèle, pressions et menaces sur nos témoins.
L'un d'eux, Henri Colpi, cinéaste et pourtant ami de longue date de ma mère, craque et change sa version des faits. Il est menacé de ne plus être produit cinématographiquement. Finalement, il va revenir sur son témoignage initial mais se fera discréditer par les adversaires !

Le premier journaliste couillu, de notre côté, à avoir osé parler de notre histoire, sera Jean Edern Hallier dans son journal « l'Idiot International ». L'article sera en 1ère page et portera le titre "Au nom du père" (au moment de l'annonce de l'exhumation, Catherine Allégret sortira un horrible livre contre ma mère et moi, qu'elle nommera "Au NON du père").

Nous avions tout de même en face de nous le trio Montand, Kiejman et Mitterrand

Mais nous, nous avions le soutien d'un autre trio : Jacques Vergès, Jean Edern Hallier et le capitaine Baril (ancien chef du GIGN qui s'était retourné contre Mitterrand au moment des écoutes de l'Elysée et qui l'a bien payé depuis...)

-Période où j'ai commencé à faire un cauchemar récurrent :
On vendait nos bijoux sur un marché, comme habituellement. Soudain, des hommes en noir, armés, sortirent d'une voiture noire et tirèrent sur nous : Ma mère gisait morte pleine de sang, Gilbert aussi, et moi je tentais de lutter, de faire mes arts martiaux, à mains nues ou à l'aide d'une arme mais je n'arrivais jamais à les toucher ! Je me sentais si impuissante face à eux, malgré ma rage ! Et je me réveillais avant que je ne meurs à mon tour de la main de ces hommes.
Plus tard, je réussis enfin à me libérer de ce cauchemar, le jour où j'ai pu y intégrer mon maître vietnamien et mes frères d'armes du viet vo dao. Je n'avais plus peur ! Et on leur botta les fesses. Chacun de mes coups les atteignaient, et soudain, avec mes sabres, ce fut leur fin et par la même, la fin de cet horrible cauchemar.

Mar 6 avril 1990 :
Résultat du procès : Le Tribunal de Paris, estimant qu'il existait suffisamment de présomptions graves de relations intimes entre les parties pendant la période légale de ma conception, c'est-à-dire entre le 11 décembre 1974 et le 10 avril 1975, ordonne à Yves Montand de se soumettre à un test de paternité. Il désigne un expert : le Docteur Aline MARCELLI.
-Ca y est ! Il est coincé ! On a gagné ! Cette fois, il ne va pas s'en tirer comme ça !
Les tests génétiques vont prouver officiellement que je suis bien sa fille.
Son masque de star va tomber pour montrer l'homme qu'il est vraiment.
J'en jubile d'avance, au nom de mes souffrances d'enfant.

D'autres journalistes oseront enfin suivre. Ca passe enfin dans les journaux !  
Et je passe en direct au journal de 20h sur la Cinq, invitée par Guillaume Durand.
Je deviens soudain la « vedette » du bahut. Plus besoin de cacher mes origines. Je peux enfin être moi avec mon histoire ! Je ne suis plus « cachée » !
-Ma première victoire morale sur mon passé ! On ne me traitera plus de menteuse !

Yves Montand osera faire, suite à cela, des déclarations que je trouve vraiment gonflées, au micro de RTL :
« Depuis que j'ai eu Valentin, c'est incroyable le nombre de bonnes femmes qui disent avoir eu un enfant avec moi. Alors bon, il faut prendre ça à la rigolade, parce que sinon, on n'en sort plus. Ce que je ne comprends pas, par contre, c'est la malhonnêteté et la légèreté de la Cinq, hier soir. Je n'ai rien à dire de cela, simplement, je crois que certains laquais du pouvoir continuent à faire leur basse besogne. C'est le temps de l'imposture et du scoop à tout prix pour faire recette, pour avoir des téléspectateurs. Mais c'est pas bien, enfin c'est, disons le mot, assez dégueulasse. Moi, si ça continue, très sincèrement, bien sûr, les auditeurs qui vont entendre ça n'en ont rien à foutre, passez-moi l'expression, mais moi, je ne veux pas rester dans ce putain de pays. » 

-L'imposteur, le menteur, le dégueulasse, c'est lui !!!!! Il nie tout en bloc !
Il se montre sous l'aspect d'un homme injustement victime de sa célébrité ! Le pauvre homme ! Il est surtout énervé parce qu'il croyait contrôler les médias et certains, parmi eux, n'ont pas peur de faire leur travail de journaliste : diffuser l'information ! Et oui ! Il existe des gens intègres dans la profession ! Heureusement pour nous ! Car si on l'écoute, on lui donnerait le bon dieu sans confession !
-Vraiment, il me dégoûte ! Il persiste et signe dans son immondisme à mon égard... Il ne veut pas assumer mon existence. Il continue à essayer de fuir son passé qui pourtant, le rattrape aujourd'hui : MOI !